Les rares passants disaient aux filles :
« Il est temps de rentrer, les filles, venez avec nous. »
« Notre père travaille encore, écoutez-le qui coupe du bois et sa chienne qui aboie ».
Alors passa quelqu'un qui leur dit :
« Malheureuses ! Votre père n'est plus là, le bruit que vous entendez vient d'un maillet qu'il a suspendu à une branche d'un arbre et qu'il a attaché à la chienne. » Les filles se rapprochèrent de l'endroit d'où parvenait le bruit, et trouvèrent que la passant disait vrai, elles lui dirent :
« Nous vous prions monsieur de nous laisser venir avec vous jusqu'au village où habite notre père ».
Le passant accepta et les conduisit jusqu'à leur village. Elles portaient de lourds fagots de bois sur leurs têtes. Quand elles arrivèrent chez-elles, elles s'écrièrent :
« Merci père, tu nous as laissées toutes seules dans la forêt, tu nous as jetées aux loups ».
Il répondit :
« Oh mes filles, je vous croyais rentrées avant moi ».
Le soir sa femme lui dit :
« Alors ? Les voilà revenues ! »
« Je jure que demain elles partiront pour ne plus revenir ou tu le regretteras jusqu'à la fin de tes jours ». Le lendemain, il dit à ses files :
« Mes petites filles, faites votre toilette, je vous conduirai chez votre oncle ». Il emprunta tous les habits qu'elles revêtiraient pour cette occasion, ses filles se firent belles et il les emmena. Ils marchèrent beaucoup, ils ne se sont pas arrêté un moment et à chaque fois qu'ils atteignaient une colline, les filles épuisées demandaient :
« Père, où habitent donc nos oncles ? »
« Un peu plus loin, répondait-il à chaque fois qu'elles lui posaient cette question ».
Ils ne cessèrent de marcher jusqu'à ce qu'ils eurent atteint la mer, le père leur dit :
« Déshabillez-vous et entrez dans la mer ». C'est là, en marchant un peu dans l'eau, que vous trouverez vos oncles ». Les plus âgées obéirent à leur père, se déshabillèrent, laissèrent leurs vêtements sur le rivage et entrèrent dans la mer, mais la plus jeune dit :
« Moi, père, j'ai honte, je ne peux pas rester nue devant toi, tu te mettras d'abord derrière cette colline ».
Dès que le père fut éloigné, elle ôta ses habits, les plia, prit aussi ceux de ses sœurs et en fit un paquet qu'elle emmena avec elle et entra dans la mer. Le père, qui revint, s'écria :
« Que le châtiment de Dieux soit sur toi, fille misérable qui m'a trahi ».
« C'est toi qui t'est moqué de nous et nous a trahi, nos oncles ne sont pas ici ». Il rentra chez lui sans se retourner, et arrivé à la maison, sa femme lui demanda :
« Les as-tu, enfin, fait disparaître ? »
« Oui, oui, mais la benjamine a emporté tous les habits avec elle, et comment ferai-je avec leurs propriétaires ? »
« Oh, ces nippes ? Puisses-tu ne jamais les revoir ». Et il dû payer cher les propriétaires. Les filles, après avoir fait quelques pas dans la mer, n'arrivaient plus à toucher le fond avec leurs pieds, et ne pouvaient regagner la terre ferme. Elles durent lutter deux jours contre les lames qui les poussaient plus loin dans la mer, le troisième jour, une grosse vague les rejeta hors de l'eau.
à suivre…